Utilisées depuis des décennies, les méthodes agiles prennent un tournant majeur en 2001 lorsque 17 experts du développement d’applications informatiques se réunissent pour écrire le Manifeste Agile, texte exposant 4 valeurs et 12 principes fondateurs. Ce texte a été écrit spécifiquement pour le développement mais comme les 4 valeurs ci-dessous le montrent, le Manifeste Agile peut s’appliquer à d’autres domaines :
- Les individus et leurs interactions plus que les processus et les outils
- Des logiciels opérationnels plus qu’une documentation exhaustive
- La collaboration avec les clients plus que la négociation contractuelle
- L’adaptation au changement plus que le suivi d’un plan
La méthodologie « classique / traditionnelle »
La méthode agile est une méthode non traditionnelle. Qu’entendons-nous par « traditionnelle » ? Une gestion de projet classique est un processus structuré et linéaire comprenant des étapes précises définies depuis le début.
Concrètement, prenons l’exemple d’une création de maquette graphique :
- Prise de brief des besoins du client
- Proposition d’une ou plusieurs maquettes selon le contrat établit entre l’agence et le client
- Une ou plusieurs étapes de modification de la maquette choisie après le retour du client
- Finalisation de la maquette finale
Remarquez que dans l’étape 3, on parle bien de modification d’une maquette choisie et non de la création d’une nouvelle maquette. En effet, dans ce type de procédé, des évolutions trop importantes demandées par le client feront à coup sûr l’objet d’un avenant au contrat.
Cette gestion traditionnelle peut paraître rassurante avec son planning préétablit, ses étapes définies à l’avance et ses deadlines fixées dès le début du projet. Néanmoins, cela laisse peu de place au changement, sauf à signer un avenant, redéfinir un planning et se réengager dans un nouveau processus linéaire et inflexible. Il n’est donc pas surprenant d’en arriver à des dizaines de versions du planning, des décalages dans le temps et encore des sollicitations de toutes les équipes client et agence (équipe projet, chefs de projet, commerciaux, etc.).
Ces divers changements peuvent créer des tensions, du stress voire une remise en question même des besoins :
- Le client a une date butoir mais aimerait néanmoins que son projet corresponde à ses envies sans non plus se ruiner.
- Le prestataire a de son côté d’autres clients et des glissements de planning peuvent créer un vide dans son agenda (donc une perte d’argent) ou des superpositions de projet (donc des difficultés à satisfaire tous ses clients).
- La relation client/prestataire peut se dégrader et le projet lui-même peut être compromis.
La méthodologie Agile
Dans le cadre d’une gestion de projet agile, le processus spécifié, détaillé et planifié en cascade fait place à une approche pragmatique grâce à une organisation itérative, incrémentale et adaptative. Lors d’un travail en mode agile, le but n’est pas de tout préciser et fixer dès le début mais d’avancer petit à petit en ajustant en cours de création afin d’arriver au produit fini.
Selon Florent Lothon, « une méthode traditionnelle revient à planifier dans les détails un trajet « Paris – Narbonne » en voiture par les petites routes. Spécifiant chaque villes et villages traversés, l’heure de passage associée, chaque rue empruntée dans les agglomérations, litres d’essence consommés, kilomètres parcourus, etc. Les imprévus ne manqueront pas d’arriver : embouteillages, déviations, travaux, sens de circulation inversés, voire la panne, etc. Rendant votre planification et vos spécifications très vite obsolètes. Combien de temps aurez-vous passé à planifier cet itinéraire ? Comment réagirez-vous face à vos frustrations de ne pas pouvoir appliquer votre plan à la lettre ? L’idée d’une méthode agile consiste à se fixer un premier objectif à courts termes (une grande ville par exemple) et se lancer sur la route sans tarder. Une fois ce premier objectif atteint, on marque une courte pause et on adapte son itinéraire en fonction de la situation du moment. Et ainsi de suite jusqu’à atteindre la destination finale. »
Reprenons notre exemple de création de maquette graphique. Comment se passe-t-il de manière agile ? Évidemment, vu que les lignes ne sont pas établies en avance, il pourrait y avoir de multiples manières de gérer une création de maquette graphique en agile mais voyons ensemble un cas.
- Prise de brief des besoins du client
- Si le client connait le domaine du graphisme et a une idée précise de ce qu’il souhaite, nous passons directement à l’étape 4.
- Si le client n’est pas à l’aise dans le milieu du graphisme, il faut lui présenter et expliquer les divers styles graphiques, des exemples de formes, typographies, couleurs, illustrations, pictogrammes, etc. Cette étape permet aux 2 parties d’utiliser le même jargon, d’être sur la même longueur d’ondes et permet de récolter un brief plus précis.
- Création d’un cahier de tendances mettant en visuel toutes les informations récoltées pendant les prises de brief (formes, images, associations de couleurs, polices, etc.)
- Nouvel échange avec le client afin de valider ce cahier de tendances ou de réorienter certains choix : par exemple, les deux couleurs choisies pour la future maquette ne sont finalement pas harmonieuses ensemble et c’est grâce au cahier de tendances que cette incohérence a été repérée. Cette étape évite une création de maquette prématurée et non convaincante.
- Création d’une seule page d’une première maquette graphique s’appuyant sur le cahier de tendances : en effet à ce stade, les informations récoltées sont suffisantes pour ne pas perdre de temps à faire X maquettes qui ne seront pas conservées. De plus, la création d’un seul écran évite une nouvelle fois une perte de temps et du travail inutile tant que le principe graphique n’est pas validé.
- Présentation de la maquette au client
- Ajustements de la maquette jusqu’à validation du client
- Déclinaison des diverses typologies d’écrans
- Ajustements de ces pages jusqu’à validation du client
Il est vrai qu’en regardant toutes ces étapes, on pourrait penser que tout cela est plus compliqué qu’une méthode traditionnelle mais ce n’est pas le cas. En effet, dès la première maquette, le graphiste est presque sûr de partir dans la bonne voie grâce à toutes les informations qu’il a récoltées en amont et évite ainsi tout travail inutile. Côté client, il voit dès le début une maquette qui correspond à ses attentes même si des ajustements sont nécessaires.
Etant également impliqué dans toutes les étapes, une confiance s’installe ainsi qu’une satisfaction d’avoir participé à la création. Avec une méthode classique, il voit plusieurs maquettes dont certaines n’auront rien à voir avec ses envies, cela peut générer des questionnements, frustrations et rendre moins crédible l’équipe de travail.
Quelle méthode choisir ?
La méthode agile a de multiples avantages et est bien plus flexible qu’une méthode de création traditionnelle mais ne soyons pas extrémiste, elle ne convient pas à tous les projets ni à tous les clients !
Pour qu’un projet en mode agile fonctionne, il est nécessaire d’avoir une forte implication des équipes, côté client comme côté agence. Il ne faut surtout pas se forcer à utiliser une méthode agile, seul l’envie, la motivation et la disponibilité des deux parties feront de votre projet un succès !
Ceci devrait vous intéresser
Connect
Pour recevoir nos derniers articles sur la Data et l'Intelligence Artificielle, abonnez vous à Connect, l’email qui fait du bien à vos données.
Vous souhaitez plus d'actualités exclusives sur la data et l'IA ?
Inscrivez-vous à notre newsletter mensuelle Connect ! Recevez une fois par mois un concentré d’actualités, événements, interviews sur le domaine de la data et de l’intelligence artificielle.